Quand on a mal au dos, on re-découvre des univers kafkaïens, et on se pose des questions sur le trou de la Sécu.
Lettre à la Maison des Artistes-sécu, à qui les artistes dans mon genre versent leurs cotisations sociales, pour avoir le droit d’aller chez le docteur sans lui céder en échange la peau de leurs fesses, dont ils ont besoin pour s’asseoir :
« Monsieur,
J’avais réussi à éviter, depuis presque 20 ans, d’avoir à vous téléphoner, puisqu’il
était à l’époque quasiment impossible d’obtenir que quelqu’un décroche.
Après la matinée que je viens de passer à essayer de vous joindre, je vois que rien n’a
changé depuis toutes ces années, hormis un répondeur affligé d’une boucle musicale
totalement exaspérante, qui n’est pas faite pour aider l’assuré mécontent à patienter
sereinement, à défaut d’utilement.
Ce qui m’amène à la raison de ce courrier.
Suite à un incident avec ma Carte Vitale, j’ai découvert avec la plus abyssale
stupéfaction que ma Caisse d’Assurance Maladie n’était pas informée, et ce depuis
JUIN 2007, que j’étais à jour de cotisations sociales.
Il me semble pourtant que si j’attendais aussi longtemps pour vous verser mes
cotisations, il ne vous faudrait pas trois ans pour venir me les réclamer, pénalités à
l’appui.
Et je ne vous cache pas que je suis verte de colère, quand je vois le mal que je dois me
donner pour arriver à les payer, ces foutues cotisations !
Grâce auxquelles je n’aurais pas dû avoir à payer 300 euros de ma poche, vendredi,
pour une IRM totalement prise en charge, ce qui ne va pas m’aider à vous verser les
XXX euros de ma cotisation, au 15 de ce mois !
Et je n’en reviens pas d’avoir à vous demander de bien vouloir désormais faire le
nécessaire, pour que ça ne se reproduise pas.
Avec mes salutations écoeurées. »
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Où il est démontré que la
fréquentation de Queenofclay
n’est pas faite pour améliorer
le Vocabulaire Princier.Lettre à la Sécurité Sociale dont je bénis l’existence et la belle carte verte, mais pas la logique approximative :
« Madame la Sécu, » (Oui, à elle je lui dis « Madame », mais pas à la Maison des Artistes qui ne le mérite pas)
« Ayant découvert par le pouvoir des 300 euros que m’a coûté une IRM vendredi dernier, que ma Carte Vitale n’était pas à jour ; sans que mon pharmacien ou quelques autres professionnels de santé ne m’en aient jamais fait la remarque ; ni que mes remboursements n’en aient été affectés ; je suis donc venue chez vous ce matin pour réparer l’outrage, sachant que vous avez eu la bonne idée d’installer des bornes pour ce faire.
La borne mit donc ma carte à jour sans commentaire. Ce qui me parut normal, puisque je paye mes cotisations.
Et je m’apprêtais à repartir. Quand me vint l’idée saugrenue de vouloir imprimer une attestation, sans que je comprenne bien l’intérêt de la chose, puisque la carte était à jour. Mais bon, ils en avaient parlé au cabinet de radiologie.
A cet instant-là seulement, la borne éprouva le besoin de me préciser (Deux fois. Parce que la première, j’ai cru que c’était un bug.) qu’il y avait un problème avec mon dossier (sans me dire lequel, bien sûr), et qu’il fallait que j’aille au guichet.
Ce qu’elle s’était bien gardée de me dire, lors la mise à jour de la carte.
Avec laquelle j’aurais pu repartir, en croyant que tout allait bien.
Que, par exemple, je pouvais re-flinguer une demi-journée de boulot, pour aller faire ma deuxième tranche d’IRM, mais sans risque d’avoir à sortir encore 300 euros. Ou que je pouvais aussi envisager, sans me ruiner, une greffe de peau fessière pour compenser la première tranche.
Donc, je note qu’on peut avoir une belle carte Vitale très moderne, avec une puce électronique parfaitement à jour grâce à un beau terminal bien pratique. Sauf qu’au moment où on voudra s’en servir, ça peut se terminer par :
« Coucou ! vous n’avez plus de droits, mais on vous l’a pas dit, c’est une surprise ! »
Oui, en fait, la vérité est ailleurs.
Dans l’attestation en bon vieux papier d’autrefois.
Bref, j’en étais au terminal qui me dit : « Sanvapadutou ! allez à l’accueil ! »
50 personnes attendaient déjà.
Ayant dû récemment remplir un arrêt de travail pour quelqu’un, j’avais constaté que votre service téléphonique, Madame la Sécu, est désormais une preuve de l’existence de Dieu :
On appelle, et en quelques secondes, un être humain décroche.
Le truc absolument dingue et qu’on ne voit plus nulle part.
Donc, je rentre chez moi, je téléphone, et une jeune personne charmante m’annonce que je ne suis pas à jour de cotisation depuis JUIN 2007.
3 ans donc.
Pendant lesquels on a continué à me rembourser tous mes frais de santé.
Je m’interroge.
Certes, j’ai droit à ces remboursements, ce que je vous ai prouvé tout à l’heure en vous apportant copie de toutes mes attestations de versements depuis cette date.
Mais qu’est-ce à dire ?
Que j’ai engueulé la Maison des Artistes pour rien, parce que vous étiez au courant que j’ai toujours payé ?
Ou que vous continuez à rembourser les gens qui ne cotisent plus, pendant des années ?
Auquel cas, votre fameux trou pourrait bien s’expliquer.
Je suis totalement perplexifiée, mais désormais munie de droits valides, d’une carte à puce à jour, et d’une attestation en papier qui le prouve.
Pour le prix d’une journée de boulot passée au téléphone, à brasser de la paperasse, et à faire la queue chez vous.
Et cette journée-là, personne pour me la rembourser.
Sballot.
Au revoir, Madame la Sécu. Je t’aime bien quand même. Avant, t’étais pire. »