2 ou 3 choses que j’ai à dire…

En ce moment, les artistes des arts graphiques et plastiques, les auteurs, illustrateurs, scénaristes et dessinateurs de BD sont en guerre. Parce qu’on nous demande de cotiser encore plus ; alors qu’on nous paye de moins en moins, parce que la loi qui nous accorde le droit d’être payés non seulement pour concevoir nos créations, mais aussi au pro-rata de l’exploitation qui va en être faite, est de plus en plus bafouée.
Notre travail infuse absolument toute la société, les images et les formes sont partout, les histoires sont partout, et ceux qui les conçoivent sont ceux qui en profitent le moins… Tout le monde fait du fric avec et les moins payés sont les artistes. Sans qui rien ne peut se faire pourtant.
Et on ne demande pas à être payés plus que tous les autres acteurs, mais au juste prix, surtout si notre travail permet à tant d’autres de vivre.

Ce qui m’amène à aborder un phénomène de société : Ce « tout-gratuit » et ce « super-réduction » qui nous enfoncent tous, quelles que soient les catégories et les métiers.
On paye des vêtements 5 euros, ce qui ne représente même pas une heure de travail au SMIC. Parce qu’on envoie le boulot se faire en Chine (dans des conditions sociales souvent indignes) en laissant sur le carreau les gens qui ont ces compétences dans nos pays (et dont les situations sociales vont rejoindre l’indigne).
Certes, on est toujours contents de payer moins cher.
Mais ça veut dire que des gens à côté de nous n’ont plus d’argent, que la société se paupérise, qu’on ne peut plus payer la dette parce qu’il y a de plus en plus de gens qui ne produisent plus de richesses et pour qui il faut financer des minimas sociaux pour qu’ils survivent en fermant leur gueule et n’allant pas braquer des banques ou égorger des nantis.
Oui oui, ça sert aussi à ça, les minimas sociaux. Supprimez-les, juste pour voir.
Tout coûte moins cher, et pourtant tout le monde a de moins en moins de fric et de plus en plus de difficulté pour assurer…

Et le tout gratuit et le super pas cher, vous pouvez lire ici ce que ça fait au monde du théâtre, par exemple… Un autre pan de notre belle exception culturelle !
Mais j’en entends au fond qui disent qu’un artiste fait ça pour le plaisir, alors pourquoi voudrait-il être payé ? En plus, tout le monde sait que la preuve du talent d’un artiste, c’est qu’il galére tout sa vie et meure dans la misère. Voyez Picasso par exemple…
Moi, je suis d’accord pour ne pas être payée, le jour où mon loyer sera gratuit, ansi que mes courses à la supérette, et puis mes ordinateurs, et les logiciels que je mets dedans, et mes fringues, et mes bouquins, et mon canapé, et mes vacances, et mes impôts, et mes cotisations… Et ma retraite, tiens par exemple !
Ce jour là, je bosse gratos.

Et puis un de ces jours, je m’énerverai sur le thème des « écoles de BD » qui font croire à des gens que c’est un métier, et qu’ils vont pouvoir en vivre, dans un marché ultra saturé. (Déjà posez-vous la question : est-ce que ça existe, les écoles d’écrivains ?)

Mais tiens, sur tout ça, Denis Bajram a déjà dit des choses très justes.

Une réflexion sur « 2 ou 3 choses que j’ai à dire… »

  1. Bonjour Princesse H

    Je pense être dans le cas, dont tu parles… si nous pouvions nous entendre. Je suis en freelance depuis 2002… payée au bout du camion… avec pression oblige. je me reconnais tellement dans ce groupe qui s’amoindrit tellement. Nous avons un travail qui est beau et ne l’oublions pas. je suis tellement en colère avec cette impuissance qui nous surprend et nous laisse en dérive.

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