Ce matin, le temps est pluvieux, et mon père se meurt.
Cet après-midi à 5 heures, il n’y aura personne pour fermer tous les volets de la maison contre le froid de la nuit, même s’il fait grand soleil.
Demain, au petit déjeuner, il n’y aura personne pour râler parce qu’on est allé chercher du bon pain frais, alors qu’il y en a du pas terrible dans le congélateur.
Hier, il n’était pas content parce que mon frère lui a acheté un pantalon, alors qu’il en a déjà 2 : un sur lui et un dans la machine à laver.
Mon père est un homme d’austérité.
Tout ce qui peut rendre la vie plus douce lui est suspect.
Tout ce qui ressemble à du confort lui paraît louche.
Tout ce qui dépasse la simple subsistance quotidienne, lui semble superflu.
Oui, il est un peu radin aussi.
Mon père est un homme blessant.
Il ne sait pas dire qu’il aime.
Il ne sait pas dire des choses gentilles.
Il critique beaucoup sans jamais faire un compliment.
Parce que, dit-il, “les compliments, ça ne fait pas avancer !”
Quand on lui dit que des critiques sans jamais un mot d’appréciation, ça barre le chemin ; il ne peut pas l’entendre.
Mais si on montre qu’on est blessé, il en est tout penaud et il demande : “Mais qu’est-ce que j’ai dit ?”
Mais toujours il recommence.
Il a été élevé comme ça.
Et ce sont les plaies qu’il en a gardé, qui se cachent dans ses mots.
Mon père est un homme de solitude.
Il est de cette génération où les hommes étaient élevés pour être des rocs.
Loin de leurs émotions.
Loin de leurs sentiments.
Loin de la douceur.
Il a grandi dans une famille si nombreuse, qu’il en a retenu que seul le groupe compte, face au reste du monde.
Il n’a pas appris à parler de lui.
Il n’a pas appris à se faire des amis.
Depuis 55 ans, ma mère a cette fonction auprès de lui, en plus de toutes les autres.
Mon père est un homme de sacrifice.
Il pense que seuls comptent les autres, et qu’il doit passer le dernier.
Il se prive de beaucoup de choses.
Il s’interdit beaucoup de choses.
On a construit pour lui un moule, et il s’y est installé.
Car on doit obéir, et être fidèle aux valeurs enseignées, sans les questionner.
Et si le moule est trop juste, on doit diminuer pour tenir dedans.
Je pense que mon père s’est diminué.
Par obéissance.
Avec beaucoup de courage.
Avec beaucoup d’amour pour ceux qui l’ont élevé.
Mon père est un homme d’amour.
Nous somme ce qu’il y a de plus important dans sa vie.
Il nous donne tout ce qu’il a.
Il fait, pour nous, tout ce qu’il peut.
Et jamais autant pour lui-même.
Il nous aime par dessus tout.
Il nous a aimés avec acharnement et maladresse, toutes les secondes de sa vie.
Cet après-midi, à 5 heures, il n’y aura personne pour fermer tous les volets de la maison contre le froid de la nuit, même s’il fait grand soleil.
Demain au petit déjeuner, il n’y aura personne pour râler qu’on est allé acheter du bon pain frais, alors qu’il y en a du pas terrible dans le congélateur.
Aujourd’hui, il a fait gris et il a plu.
Et Papa est mort.
Mes condoléances comme on dit. J’espère que ce ne sera pas trop dur pour ta mère après…. Voilà, je pense à toi mais je ne sais pas vraiment quoi dire de consolant.
Signes du temps…
Je suis pas vraiment sûr qu’un mot, un seul – ou même une ribambelle – puisse changer quoi que ce soit à ce que l’on ressent en une pareille journée. Mais comme nos pères sont visiblement issus du même moule (c’est générationnel, tu as indéniablement raison) et que je l’ai perdu voici quelques années, l’unique chose que je désire te dire aujourd’hui tient en 42 signes : tu n’en garderas que le meilleur, et le temps t’aidera.
Des bizzzz lyonnaises.
Mouais…..
De gros bisous.
Sophie
C’est un très bel hommage que tu lui rends là.
Ma Mère est du même moule. L’austérité elle connait.
Malheureusement, elle s’est enfermée dans un monde dont nous sommes exclus, nous, ces enfants.
Elle n’est pas malade, non. La vie l’a rendu méfiante envers tous, et c’est bien là mon malheur.
Même si les gens que l’on aime ne sont pas toujours expressif, on sait très bien que au fond d’eux, ils aimeraient nous le montrer…
Alors je te présente toute mes condoléances, et je te remercie pour ce très beau texte…
Stéphane.
C’est avec la gorge serrée de larmes et d’émotion contenues, après la lecture de cet hommage, que je t’embrasse le plus affectueusement qu’il m’est permis de le faire.
C’est les larmes aux yeux après la lecture de ce texte magnifique que je te présente mes condoléances au nom de notre famille.
Nous pensons fort à vous dans ces moments douloureux .
Aude, Maurice et les enfants.
C’est un bien bel hommage à ce papa tant aimé que tu fais là… des pensées pour ces moments difficiles, et cet au revoir qui arrive toujours trop tôt. Il semble t’avoir laissée beaucoup d’amour et de tolérance ce papa là, quel beau cadeau…
Un très beau texte d’amour et de pardon. Louis avait un regard joyeux quand il n’était pas en responsabilité.
Toutes mes condoléances…
C’est un bien bel hommage que tu lui rends.
En te souhaitant tout ton temps pour faire ton deuil.
Gros bisous. Juste gros bisous.
Je suis sincèrement désolée et j’aimerais bien pouvoir faire quelque chose pour toi. Ton texte est magnifique, quel bel hommage, et quelle superbep photo, aussi! Je t’embrasse très fort et je pense beaucoup à toi et à ta famille.
Des biz, du love… Et encore des biz…
De la part de Don P et moi.
J’en connais quelques uns de ces hommes là… Ton amour pour lui restera toujours intact et son souvenir t’aidera à avancer. Mes condoléances.